Ambassadeurs ONLYLYON

Flora Vidal-Marron a fondé l’association Tissu Solidaire, devenue Weavers, pour aider les femmes exilées à mieux s’insérer par l’activité de la couture et de la maroquinerie. Rencontre avec une jeune lyonnaise engagée.

Peux-tu te présenter en 2 lignes ?

Flora Vidal-Marron, 28 ans, je suis la fondatrice de l’association Tissu Solidaire qui agit pour l’inclusion des personnes exilées sur la Métropole de Lyon. Après une étude des besoins dans un centre de demandeurs d’asile en 2015 dans le cadre de mes études, je me suis rendue compte que beaucoup de femmes exilées savaient ou voulaient coudre. Nous avons donc utilisé la couture comme outil de médiation sociale et d’insertion. L’objectif étant de rendre l’accueil moins indigne pour ces personnes en exil.


Quel est ton projet en ce moment ?

Développer l’association Tissu Solidaire. Nous allons déjà changer de nom car nous nous ouvrons à d’autres secteurs que le textile et la maroquinerie. Nous nous appelons désormais Weavers, qui veut dire tisserand en anglais, mais aussi tisserin, un oiseau qui vit en communauté et construit des nids très solides. C’est une marque ombrelle qui va regrouper toutes nos activités. Depuis le début de l’association, nous aidons des personnes exilées à s’insérer grâce à la couture et la maroquinerie, en les formant dans nos ateliers. Nous lançons cette année à Lyon un nouveau programme baptisé Des Etoiles et des Femmes, qui existe déjà dans huit villes en France. Il s’agit de rendre possible les métiers de la cuisine à des femmes en les formant et leur permettant de faire un stage chez des restaurateurs étoilés. Et nous ouvrons aussi une antenne à Annecy en 2021.


Qu’est-ce qui te fait lever le matin  ?

Travailler avec mon équipe et faire que nos actions contribuent positivement au bien être des personnes que nous accompagnons.


Ton livre de chevet ?

Trouble dans le Genre de Judith Butler. C’est un livre américain, un des premiers dans les années 1980 à aborder la question du genre, et qui été traduit en Français dans les années 2000. Elle explique que le genre est une construction sociale et non biologique, qui a réduit les hommes et les femmes à des rôles modèles et des typologies de comportement. Et que l’on pourrait être beaucoup plus libre de notre genre.


Dans ton secteur d’activité, quel est selon toi le partenaire indispensable sur la Métropole ?

La Métropole de Lyon. C’est un partenaire financier, sur le lien social et la remise à l’emploi des personnes exilées. Mais aussi un partenaire opérationnel avec la Maison métropolitaine de l’insertion et de l’emploi. Nous travaillons ensemble pour la détection, la sélection et le suivi des personnes.


Tes meilleurs plans pour réseauter ?

Le Medef et Impact France. Je suis adhérente d’Impact France comme entrepreneur social. Grâce au Medef, je peux rencontrer des décideurs et monter des programmes communs de remise à l’emploi de ces personnes dans leur entreprise.


Un projet ou un talent local à suivre dans les prochaines années ?

Clara Hardy, influenceuse et créatrice d’Impulsion Podcast, qui prend le temps dans ses émissions de la pédagogie sur des domaines comme le genre, le rapport au corps. Elle est aussi responsable de la communauté de l’incubateur Manufactory à Lyon.

L'univers de Weavers

Comment te déplaces-tu dans la Métropole ?

En vélo, pour aller de chez moi dans le 9e arrondissement jusqu’à nos locaux de Villeurbanne. Le vélo, c’est plus facile qu’avant, il y a beaucoup plus de pistes cyclables mais ce n’est pas encore suffisant.


Plutôt Ground Zero, Épicerie Moderne ou Transbordeur ?

Plutôt Transbordeur où j’ai vu pas mal de concert puisque je suis Lyonnaise. La programmation a toujours été cool. Mais mon lieu de prédilection demeure le Sucre à la Confluence, qui fut une des premières boites ouvertes à tous, avec une bonne programmation, notamment les soirées funk une fois par mois, et une superbe terrasse.


Gastronomie ou bistronomie ?

Bistronomie. Je n’ai pas le budget pour des restaurants gastronomiques. J’adorais le restaurant la Piscine, devenu Pistache, à la Piscine du Rhône. C’était une vraie expérience, dans un lieu magnifique, avec une très bonne qualité de restauration.


Run, marche, vélo… : quel est ton lieu de pratique préféré ?

Les Quais de Saône, aller jusqu’à l’Ile Barbe. J’adore y courir, quand ce n’est pas inondé.


Pour consommer responsable, quels sont tes tips ?

J’ai adhéré à des AMAP et sinon je vais dans des magasins bio comme Bio Coop ou La Vie claire. J’utilise aussi l’application Too Good To Go qui permet d’acheter à bas prix des invendus alimentaires dans les magasins.

Ce qui me fait lever le matin ? Travailler avec mon équipe et faire que nos actions contribuent positivement au bien être des personnes que nous accompagnons.

Une association que tu aimerais mettre en avant :

Au Tambour, c’est le premier lieu d’accueil de jour pour les femmes à la rue, un lieu de répit qui fournit aussi un accompagnement psychologique, situé dans le 7e arrondissement de Lyon.


Un artisan à nous faire connaître ?

Un ébéniste de Villeurbanne, Luc Venaille. Il fait des jouets en bois écologiques et durables.


Sur ton territoire, peux-tu citer un lieu incontournable.

Je suis justement en manque d’un lieu de rencontre incontournable, d’un vrai tiers-lieu sur la métropole. C’est mon petit coup de gueule. J’aurais par exemple préféré que l’Hôtel Dieu devienne un vrai lieu de brassage et d’apprentissage pour tous plutôt qu’un lieu totem du capitalisme ordinaire.


Sur ton territoire, peux-tu nous citer un rendez-vous incontournable ?

Le festival Nuits Sonores, la Biennale de la Danse et le 8 Décembre. On est assez bon à Lyon pour les grands rendez-vous.


Une bonne pratique de coopération repérée en France ou dans le monde et que vous aimeriez mettre en pratique chez nous ?

Les tiers-lieux justement, qui se sont bien développés à Paris et à Marseille. Il s’agit d’un lieu temporaire qui permet de créer un espace commun et du lien social sur une thématique donnée. A Paris, il y a eu Grands Voisins, dans un ancien hôpital du 14e arrondissement, avec des hébergements d’urgence, des entreprises, des associations, des bars ou des théâtres pour permettre aux gens de se rencontrer. A Marseille, il y a eu Coco Velten. Ce genre de projet a encore du mal à émerger à Lyon.


Avec quel territoire selon toi la Métropole pourrait coopérer, en France ou dans le monde ? Sur quel sujet ?

Nous pourrions travailler avec Istanbul, par exemple, sur l’accueil des migrants. Avoir une métropole dotée d’une vraie feuille de route sur l’accueil des personne et des idées, avec de l’engagement citoyen, ferait du bien à tout le monde. Entre Lyon et Istanbul, deux villes très différentes, on pourrait imaginer une coopération, une réflexion, pour rendre la trajectoire d’exil des Syriens, Afghans ou Kurdes moins contraignante et inhumaine.

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